Facebook : Chronique d’une chute annoncée
Ce mercredi, rattrapé par une série de scandales, plus particulièrement celui de Cambridge Analytica, Facebook annonçait une croissance historiquement basse et l’effondrement de son titre en bourse. (1)
S’informer sur Facebook : Un engouement bien réel
Il y a un an à peine, le CEFRIO publiait un communiqué annonçant Facebook comme le réseau social numéro un des Québécois pour accéder à de l’information.(1) Une tendance généralisée à travers le monde.
Encore en début d’année, l’AGENCE QMI rendait publique une étude internationale, réalisée par le Pew Research Center aux États-Unis. (2) Les Canadiens adeptes des réseaux sociaux pour s’informer On y publiait cette information qui porte (presque) à sourire depuis : « Selon l’organisme, 42 % des Canadiens trouvent leurs informations sur des sites comme Facebook et Twitter, soit le deuxième plus haut total de tous les pays développés étudiés. » (3)
Et puis en mars dernier, le CEFRIO publiait l’EnquêteNETendances 2017 : On y apprenait qu’après la télévision (au premier rang); puis les sites Web (excluant les réseaux sociaux) et la radio (tous deux au deuxième rang), les Québécois se tournaient vers les réseaux sociaux pour s’informer (40 %).
Au cours des 3 années précédant la publication de la recherche du CEFRIO, la tendance à utiliser les médias sociaux pour s’informer s’était stabilisée. Et qu’elle était la plateforme sociale privilégiée des internautes selon vous? Hé oui, c’était bien sûr Facebook : «Facebook est de loin la plateforme la plus populaire pour accéder aux nouvelles (36 %) surtout auprès des 18 – 34 ans: 64 % chez les 18 – 24 ans et 53 % chez les 25 – 34 ans. ».(4)
Le Québec (40%), comme l’ensemble du Canada (42%), accédait donc activement aux nouvelles via les médias sociaux. Pas si éloignées donc, les habitudes de consommation d’information des deux solitudes… Bien sûr, c’était avant que le scandale Cambridge Analytica n’éclate au grand jour. Depuis, cette tache indélébile souille l’image de marque de Facebook et revient hanter régulièrement le géant du Web. D’ailleurs, Facebook écopait ce mois-ci d’une amende du Royaume-Uni (2)pour ne pas avoir « rempli sa part du contrat, et [ne pas avoir] su protéger les données de ses utilisateurs dans le cadre de l’affaire Cambridge Analytica ». (5) (6)
Prendre ses infos sur Facebook : les gens en ont marre …
J’ai donc légèrement sourcillé lorsque j’ai vu passer cette nouvelle du Blog du modérateur : Nous utilisons de moins en moins les réseaux sociaux pour nous informer.
Malgré Le scandale Cambridge Analytica et les changements d’algorithmes de Facebook, qui font grincer des dents bien des gestionnaires de communauté, Le Blogue du modérateur rapporte le constat de la Reuters News Agency sur le déclin de consultation et de partage des informations sur les réseaux sociaux :
« L’utilisation des médias sociaux pour les informations a commencé à chuter après des années de croissance continue. L’usage est en baisse de six points aux États-Unis, et est également en baisse au Royaume-Uni et en France. […] Les consommateurs sont rebutés par les débats toxiques et les informations peu fiables. Ils constatent également que les réseaux alternatifs offrent plus de commodité, avec une plus grande confidentialité et moins de risques d’être mal compris. […] Le spectre de la fake news suscite également craintes et scepticisme face à la lecture d’informations.» (7) (8)
Bien contente de savoir que les gens en ont marre « des débats toxiques et des informations peu fiables » sur Twitter et Facebook. Que les citoyens à l’échelle de la planète aient été surpris d’apprendre que Facebook vendait leurs données me laissait perplexe sur le manque de discernement de l’esprit humain. Qui n’a pas encore compris en 2018 que lorsque c’est gratuit, c’est bien parce que c’est vous le produit! Dans certains pays, on remarque même une légère hausse du nombre d’utilisateurs prêt à payer pour accéder à une informationen ligne de qualité. (9)
La qualité et la pertinence de l’information, le travail de recherche, la rigueur et la crédibilité journalistique, bien sûr que ça se paie. Évidemment, comme l’affirme la Reuters, la prolifération à outrance des Fake News vient aussi chatouiller notre épiderme. Et ça tombe bien, c’est justement le sujet de mon prochain billet!