5 explications à l’agressivité numérique
La structure des réseaux sociaux nous apporte un début d’explications sur l’adoption de comportements agressifs (voir mon précédent billet). Mais comme elle n’explique pas tout, j’ai décidé de fouiller un peu plus afin de mieux comprendre ce type de comportements. Voici donc 5 explications aux comportements agressifs des internautes.
1. Le narcissisme, ce besoin infini d’attention
Selon une étude de la Western Illinois University, les comportements agressifs s’expliqueraient par certaines tendances narcissiques et par un besoin constant d’être au centre de l’attention : « They often say shocking things and inappropriately self-disclose because they cannot stand to be ignored or waste a chance of self-promotion. » (1) Les médias sociaux offriraient donc une plateforme de choix pour les personnalités narcissiques.
2. Le sentiment d’impunité
De nombreuses études ont démontré que lorsque les gens croient qu’ils ne seront pas tenus immédiatement responsables de leurs paroles, ils sont plus susceptibles de recourir à des évaluations simplistes de problèmes complexes.(2)
Le sentiment d’impunité « même en cas de messages violents ou appelant au meurtre démontrent un besoin de repenser la notion du respect d’autrui en ligne et d’améliorer les règles de transparence pour les internautes et les plateformes afin d’encourager la communication responsable. » (3)
3. La grandeur de la communauté
Le psychologue Alfred Bandura, qui s’est intéressé au rôle des groupes et à l’exposition médiatique à la violence, a constaté que les gens ont tendance à déshumaniser les autres et à devenir plus agressifs lorsque la responsabilité personnelle devient plus diluée dans un groupe : « At the same time, people become more likely to justify their actions in self-absolving ways. » Ils se sentent donc justifiés d’agir comme ils le font. (4) Bref, plus grand est le groupe, plus grande est l’agressivité au sein de celui-ci.
4. La distance, instigatrice d’un manque d’empathie
Dans une entrevue accordée au magazine Psychologie, Yannick Chatelain affirme que le principal problème est cette distance qui caractérise le Web social et qui neutralise l’empathie : « Lorsque vous blessez une personne en face de vous, que vous lui faites mal, vous le voyez tout de suite, et vous pouvez avoir de la souffrance pour lui. Avec les nouvelles technologies, la souffrance de la victime n’est pas vue par l’harceleur, et c’est ce qui lui permet d’aller de plus en plus loin. (5)
5. Le gommage des émotions
Michel Lejoyeux abonde en ce sens : « Sur Internet, les émotions sont gommées. Envoyer une réponse agressive par mail ou sur Facebook ne représente pas le même engagement affectif et émotionnel que d’avoir quelqu’un en face de soi et de lui dire quelque chose d’agressif. On ne mesure pas à quel point derrière cette atténuation et ce flou qu’induit Internet, les émotions sont totalement réelles. Et la malheureuse personne qui reçoit un commentaire désagréable le prend pour ce qu’il est : une authentique agression. » (6)
Pour conclure
Que nous soyons blogueurs, gestionnaires de communautés ou utilisateurs réguliers de ces plateformes, l’agressivité sur le Web social est un problème qui nous touche tous de près. C’est un terrain miné où nous devons user de notre compassion pour nous élever au-dessus de la mêlée. Tout un défi à relever, n’est-ce pas?