Si on redonnait ses lettres de noblesse au hacker?

D’entrée de jeu,  je vous avoue que j’ai toujours perçu les mots « hacker » et « hacking » comme foncièrement péjoratifs. Je les associe à une présence menaçante tapie dans l’ombre, à l’affût de la moindre faille à exploiter. Est-ce votre cas? C’est probablement celui d’une majorité d’entre nous.

 

L’image du hacker dans l’esprit populaire

C’est ainsi que le cours de la TÉLUQ portant sur le Web social présente la vision du hacker dans l’esprit populaire: «Il est surtout utilisé pour désigner ceux qui prennent le contrôle de systèmes informatiques pour des buts néfastes, voire criminels. » Mais la TÉLUQ apporte une nuance dont je n’avais jamais entendu parler auparavant : « Selon ceux qui se considèrent eux-mêmes comme des « hackers », le terme approprié pour ce genre d’individu aux buts néfastes devrait en fait être cracker » Il semblerait donc que nous confondions les notions de hacking et de cracking.

 

Qu’est-ce qu’un vrai hacker?

Le Blog du Hacker, qui trouve que l’image du hacker véhiculée par les médias n’est pas très réaliste, fait cette mise au point: « Le hacker au sens informatique est donc une personne qui cherche à connaître le fonctionnement détaillé d’un système partant à la recherche de petites combines qu’il juge pratiques et qui permettent de créer quelque chose de différent et/ou de meilleur. Il détourne donc un système ou un réseau de son but initial. » Le hacking serait-il donc (plutôt) tourné vers la résolution de problèmes? (1)

 

Les principaux intéressés ont une définition nettement différente de ce terme. Motherboard publiait en 2015 The FailedAttempt to Rebrand the Word ‘Hacker, où on y déplorait l’insuccès d’une tentative de changer la définition même du mot. Puis tout récemment, fin juin 2018, Motherboard en remettait une couche. En effet, le site affilié à Vice Media rappelait que dans les années soixante, le terme « hacker » était originellement utilisé pour désigner les « geeks » et les passionnés de l’informatique. En l’occurrence, il désignait quelqu’un qui aime jouer avec les systèmes informatiques (un peu comme certaines personnes aiment bricoler avec des voitures), mais pas nécessairement à des fins malveillantes (ce pourrait être, par exemple, pour améliorer le système en question). Motherboard, à l’instar de bien d’autres, voudrait ainsi rapprocher davantage la notion de « hacking » de celle de bricolage, et même de construction, et par le fait même l’éloigner de la connotation de destruction ou de vol associée présentement à ce terme.(1)

 

Dans cette optique,  je crois fermement que le Dr Frankeinstein et son monstre sont LES symboles absolus du « hacker » et du « hacking ». Mais quelle visionnaire que cette Mary Shelley qui publia son roman en janvier  1818, il y a de ça 200 ans.

 

illustration-enfantine-Frankeinstein

 

De la fausse représentation, le terme hacker?

C’est donc dire que le « hacking » ne correspondrait ni à la réalité historique, ni même à ce qu’il est réellement supposé représenter. Tiens donc!

Le site eservice.free.fr établit clairement une différence entre les termes « hackers » et « crackers ». Comme dans les articles parus sur Motherboard, on y définit le « hacker » comme un « bidouilleur » ou un « bricoleur ». Le « cracker », cependant, serait plutôt quelqu’un qui démolirait les choses. Dans l’article, on y ajoute ce conseil : « Si vous voulez devenir cracker, (…) préparez-vous à faire 5 ou 10 ans de prison ». Le pirate informatique se rapprocherait donc davantage du « cracker ». Du moins, c’est la version retenue par les hackers, ceux-là même qui s’introduisent frauduleusement sur des sites qui ne leur ont rien demandé. (2)

 

Ouf! Compliqué tout ça, me direz-vous? Je vous encourage tout de même à passer le mot… pour que les « hackers » puissent enfin retrouver un peu de dignité!

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